Il y a des saisons comme ça, où les retransmissions de grandes manifestations sportives se succèdent à un rythme accéléré sur le petit écran, laissant peu de temps aux sportifs par procuration de se préoccuper d'autres images ou d'autres activités plus stimulantes physiquement. Coupe d'Europe de football et Jeux Olympiques, l'été a été bien fourni en événements exceptionnels puisque ne se renouvelant que tous les quatre ans. Mais même sans eux, les écrans ne sont jamais longtemps délaissés par les cham-pionnats, les grands prix et autres tournois qui ont maintenant leur date immuable, de quoi ponctuer le déroulement du temps plus sûrement que la succession des sai-sons.
Le sport à la télé a sûrement à son actif d'avoir fait connaître quelques disciplines longtemps réservées à des spécialistes ou à des privilégiés. Il peut aussi être considéré comme un moyen d'initiation technique, développant la connaissance des stratégies collectives, des nécessités d'entraînement individuel et de l'évolution des matériels. Mais à côté de ces aspects positifs, de com-bien de reproches, de combien de critiques le sport moderne n'est.-Il pas l'objet, et il faut bien le dire le plus souvent de façon justifiée. La télévision n'en est certes pas toujours responsable, mais elle contribue incontestablement à amplifier ces dérives. Alors la télévision peut être une fois de plus le support d'un important travail d'éducation concernant un phénomène social et économique qui fait sans aucun doute partie de la culture "extra-scolaire" des enfants. Ce ne sont pas les occasions qui manquent pour repérer les enjeux financiers, analyser les répercussions politiques et dénoncer la violence sur les terrains et les catastrophes dans les tribunes. De son côté, la télévision n'est pas en reste; les chaînes se livrent de plus en plus à une concurrence effrénée pour emporter des contrats d'exclusivité se chiffrant en millions de francs et les commentateurs sportifs ne se cachent plus d'un chauvinisme comportant parfois un véritable mépris pour les vainqueurs qui ne sont pas français.
Reste que le sport à la télé, c'est d'abord du spectacle, et quel spectacle ! Lorsque les moyens mis en oeuvre sont considérables, les résultats sont à la hauteur : les images, une fois de plus imposent leur loi !

Jean-Pierre CARRIER