Prises de position

LA TÉLÉVISION, L'ENJEU ÉDUCATION

Initialement prévus pour le 1er janvier 1997, les logos antiviolence sont déjà sur vos écrans. Résultat d'un accord entre les diffuseurs et le CSA, intégré dans les nouvelles conventions (TFI, M6, Canal+) ou dans les cahiers des charges qu'il serait urgent de normaliser entre les chaînes (cf. le cavalier seul de Canal+) et d'étendre à toutes les chaînes câblées ou diffusées par satellite, est la partie visible d'un dispositif qui met en jeu trois niveaux de responsabilité, nous dit le CSA, celle des diffuseurs, celle des adultes et celle du CSA. Mais qu'en est-il au juste?

Former des jeunes citoyens

N'en sommes-nous pas à trouver des solutions de façade à propos d'un sujet plutôt complexe, la violence et la télévision ?
Nous ne pouvons que regretter l'absence, à côté de cette démarche de protection, de toute approche en terme d'éducation ou de droit pour former des jeunes citoyens critiques et exigeants.
L'enjeu est tel, au moment de la démultiplication des chaînes de télévision, que la réponse semble dérisoire. Vous trouverez d'ailleurs en pages centrales dans ce numéro, les propositions de l'association En Jeu Télé concernant les pratiques de réception et des formations à l'image destinées aux parents, aux enseignants, aux amateurs... et aux jeunes eux-mêmes, concernant les droits des jeunes téléspectateurs, la défense du jeune consommateur, et l'émergence souhaitable d'espaces d'éducation à l'audiovisuel.
Sur cette question de la violence et de la télévision, nous souhaitons également souligner le poids des enjeux économiques liés à la programmation, que ce soit au niveau de la production ou de la diffusion.

Une approche trop partielle

Dénonçons toutes les pratiques qui s'appuient sur une meilleure rentabilité de programmes médiocres, au détriment de politiques d'investissement dans des productions de qualité ! N'y a-t-il pas une belle hypocrisie à en appeler à l'autodiscipline "déontologique" des programmateurs lorsque l'on voit comment la logique de marché et la course à l'audience animent ceux-ci quotidiennement?
Il est bien plus facile d'accepter dans une convention, l'apparition de quelques logos antiviolence, qui peuvent dédouaner facilement les diffuseurs, que de s'engager dans des politiques de création ambitieuses sur le plan culturel, alliant un objectif d'élévation du niveau d'exigence du public et de la qualité de la programmation.
Alors, nous attendons des mesures qui devraient s'inscrire dans un dispositif global pariant sur une offre télévisuelle tirée vers le haut, prenant en compte toutes les dimensions de responsabilité sociale de l'institution de loisirs, de culture et d'information qu'est la télévision.

Christian GAUTELLIER