Prises de position

DE LA DIGNITÉ !

Instaurer un climat de confiance, pour permettre aux nouveaux services audiovisuels et d'information de se développer, lutter contre la circulation de "contenus affectant la dignité humaine et la protection des mineurs de l'accès à des contenus nuisibles pour leur épanouissement" afin que ces services atteignent "tout leur potentiel économique, social et culturel", tels sont les objectifs que visent les auteurs du Livre vert sur la protection des mineurs et de la dignité humaine dans les services audiovisuels et d'information.

La Commission des Communautés européennes considère que les craintes que suscitent ces services justifient l'attention tant des pouvoirs publics que des citoyens. De fait, inscrivant leurs propositions dans le cadre des droits fondamentaux figurant dans la Convention européenne des droits de l'Homme, il s'agit de garantir le droit à la liberté d'expression, tout en sachant que cette liberté d'expression n'est absolue nulle part dans l'Union européenne.

Le contrôle parental

Il en ressort de ce livre vert, une forte volonté de réussir avec la collaboration de tous, en soulignant la responsabilité de chacun des différents intervenants dans la chaîne de communication, de l'injection du contenu à son accès par l'utilisateur final ; en mettant l'accent sur la spécificité des différents services ; en considérant que toutes règles et moyens de contrôle doivent s'inscrire dans le cadre de deux principes fondamentaux, propres à toute société démocratique : la liberté d'expression et le respect de la vie privée ; la Commission choisit de s'adresser à chaque État et à chaque citoyen.

Certes les réglementations sont loin d'être communes dans les États membres, et elles traduisent la diversité des traditions légales et culturelles, mais il "apparaît important de définir certains standards communs sur ce qui devrait être considéré comme illégal". Face à cette diversité et devant la nécessité de lutter contre des contenus illégaux, ce livre vert présente des orientations et pose surtout de multiples questions. De fait le débat est ouvert.

Non à la seule politique de l'interdit

Dans cette série de questions, celle d'envisager la fourniture systématique de dispositifs de contrôle parental traduit les préoccupations de la Commission. Mais elle considère que "parents et enfants doivent apprendre à utiliser les nouveaux outils de communication" et pour ce faire, "l'information, la sensibilisation et l'éducation s'avèrent primordiaux pour établir une protection efficace des mineurs et instaurer un climat de confiance propice au développement des nouveaux services".

Comment ne pas souscrire à une telle orientation. Comment ne pas chercher à peser de tout son poids, pour que cet aspect ne s'éclipse pas derrière la montagne de dispositifs de blocage de l'ordinateur, de filtrage systématique des contenus des réseaux, envisagés par ailleurs et qui de fait serait une solution de facilité, de bonne conscience si aucune politique publique d'éducation aux médias n'est mise en oeuvre. La seule politique de l'interdit, n'a jamais contribué à l'épanouissement de L'Homme.

" L'encouragement pour une labellisation des contenus par les fournisseurs de contenus et par des tiers constitue une priorité " et doit être considéré comme une aide pour les utilisateurs. En effet, l'information et la sensibilisation des utilisateurs par la coopération des associations, de mouvements de citoyens et d'organisations de consommateurs dans le processus de labellisation des contenus et la surveillance du marché sont deux orientations qui devraient, et faisons tout pour y contribuer, obtenir un écho favorable des organisations concernées et des pouvoirs publics de chaque pays.

Un appel au civisme, pour une protection de la dignité humaine et la protection des droits des mineurs.

Claude GLOECKLE