LA DÉCOUVERTE DES MÉDIAS ET DES ENJEUX DE L'INFORMATION
Le Comité de Liaison de l'Enseignement et des Moyens d'information
(CLEMI) est un organisme du ministère de l'Éducation nationale.
Créé en 1983, il a pour mission "d'introduire l'utilisation pluraliste
des moyens d'information à l'école, dans toutes les disciplines
et à tous les niveaux d'enseignement dans une perspective d'éducation
à la citoyenneté". Dans une prochaine parution de Zapp! nous présenterons
les initiatives développées dans le cadre des temps de loisir
et de l'éducation populaire.
Apprendre à lire l'information, véhiculée par les médias, avec
distance et sens critique est au cur de l'éducation à la citoyenneté.
C'est l'objectif central de l'action du Clemi .
Un apprentissage qui nécessite de mieux connaître le rôle et l'importance
sociale et politique des médias. De savoir d'où viennent les informations
produites et comment elles sont traitées et présentées. De percevoir
comment la presse écrite, la télévision et la radio (re)construisent
la réalité. De comprendre le fonctionnement économique des médias...
Un ensemble de savoir constituant une éducation aux médias et
qui s'inscrit dans la globalité des apprentissages.
Mais apprendre à lire les médias c'est aussi connaître les médias
de "l'intérieur". C'est-à-dire être capable de produire un journal
papier, vidéo ou radiophonique et d'apporter un avis et des informations
susceptibles d'intéresser un public donné. Et participer ainsi
au débat démocratique pour devenir un citoyen libre et responsable.
Des objectifs d'éducation aux médias
Convaincus de la nécessité et de l'efficacité de ces apprentissages
de nombreux enseignants avec le Clemi développent, de la maternelle
aux classes de terminales, des démarches pédagogiques d'éducation
aux médias.
Ainsi ils proposent aux élèves de découvrir le nécessaire pluralisme
de l'information dans une société démocratique.
- À partir d'enquêtes auprès de personnes d'âges et de conditions
variées, les élèves cherchent à savoir: pourquoi et comment s'informer?
À partir des résultats ils s'interrogent sur leur propre comportement.
Une autre série d'enquêtes dans les maisons de la presse, ainsi
que des relevés des différentes stations radiophoniques sur la
bande FM et l'étude des chaînes et des programmes proposés dans
les magazines de télévision les aident à découvrir la diversité
des médias.
La réalisation d'une simple revue de presse à partir des titres
des Unes de quotidiens nationaux et régionaux d'une même journée
permet des constatations sur les titres communs ou non, sur les
ressemblances et les différences des énoncés et sur le ton employé
dans chaque journal... Il s'agit alors d'une étape dans l'étude
du pluralisme des discours de presse et des opinions exprimées.
Avec les agences de presse et les correspondants, les médias disposent
dans le monde d'un large réseau d'informateurs qui sont à la source
des informations produites.
- Savoir repérer l'origine et la provenance d'une nouvelle en
relevant le nom de ceux qui signent les articles et, si possible,
les organismes, les institutions, les entreprises, les gouvernements
et les personnes cités par les journalistes est une des étapes
pour cerner le travail d'une rédaction, la pluralité des sources
et le circuit de l'information.
- En réalisant des études comparatives à partir de l'importance
donnée à un même événement dans la presse écrite, à la radio et
à la télévision (surface de la page, temps dans le bulletin radiophonique,
temps/image à laTV) les élèves abordent le choix et la hiérarchisation
des informations selon les médias.
Une information n'existe vraiment que si elle est située dans
l'espace, dans le temps, dans ses circonstances et dans ses effets.
Elle doit donc répondre aux fameuses questions de référence :
Qui? Où? Quand? Comment? Pourquoi ; C'est ce qu'il est convenu
d'appeler de l'information brute telle qu'elle arrive le plus
souvent dans les rédactions. Retrouver ces questions de référence
mais aussi l'ensemble des éléments qui contribuent à la mise en
scène de l'information pour répondre aux attentes présumées du
lecteur, de l'auditeur ou du téléspectateur sont des activités
organisées dans les classes dès l'école primaire. Elles favorisent
aussi l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
- On découvre le rôle et la fonction des titres, des chapeaux.
des photos, des légendes et des intertitres. On s'aperçoit qu'ils
contribuent à la lisibilité optimale du journal. Les différents
types d'articles sont étudiés, ils participent à la mise en scène
de l'information mais ils sont aussi des éléments d'information
sur les choix rédactionnels et les sensibilités politiques des
rédactions.
Le générique, le décor du plateau, le discours des présentateurs
des journaux télévisés de différentes chaînes avec les images
des reportages sont décodés. Des études comparatives sont réalisées.
Parmi les idées reçues, la notion d'objectivité à la vie dure.
Pourtant tous s'accordent pour reconnaître que : l'objectivité
n'existe pas, il ne peut y avoir qu'une attitude d'honnêteté subjective
de la part du journaliste et de discernement critique de la part
du public.
- La venue d'un journaliste dans la classe, une visite à la rédaction
de la radio locale ou au quotidien régional, sont des occasions
pour aborder cette question. Les chartes des journalistes sont
aussi des objets d'étude intéressants.
Les médias sont des entreprises qui ont besoin d'audience, de
lecteurs, et d'acheteurs. Beaucoup d'activités pédagogiques proposées
aux élèves s'appuient sur l'étude d'annonces publicitaires dans
différents médias (leur nombre, leur volume en pages ou en temps
pour la TV et la radio, les types d"annonceurs et les publics
visés ... ) , une façon d'aborder l'économie des médias et les
enjeux économiques supposés.
Il ne s'agit que de quelques exemples d'objectifs visés et d'activités
d'analyse et de réflexion conduites dans le cadre scolaire et
en particulier pendant la Semaine de la presse dans l'école. Par
ailleurs, en parallèle de ces travaux, des journaux écrits, radio
ou vidéo sont produits par les élèves.
Josiane SAVINO |